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19 mai 2020

Beasts clawing at straws (Beasts That Cling to the Straw) 2020 Yong-hoon Kim

Encore un de ces petits noirs coréens graphiquement très violent (on préfère fracasser les crânes à coups de bouteilles de champagne plutôt que de discuter, plus efficace, plus visuel) à l'humour à froid, qui est au pays du matin calme ce que la raclette est à la Suisse. C'est encore l'histoire archi rabattue d'un groupe de personnes qui s'entretuent pour un sac de pognon (un Vuitton, quand même). C'est pas spécialement le mieux écrit (beaucoup de choses un peu trop grosses, ou téléphonées) et le gars Kim ne donne pas dans la sobriété mais ne parait pas un virtuose de la mise en scène non plus, juste pas malhabile on va dire pour être sympa. Ses plans sont plutôt sans goût, trop bariolés je trouve. En toute logique, on devrait trouver ça fatiguant, mais finalement je l'ai regardé sans déplaisir, faut dire qu'il n'y a pas de temps mort, que ça reste amusant et surtout qu'il y a l'extraordinaire Do-yeon Jeon. (vu en 2020)

beasts clawing at straws

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25 avril 2020

Sierra torride (Two mules for Sister Sara) 1970 Don Siegel

Bien agéable western ma foi, dans le style dynamique de Don Siegel. On voit que Leone est passé par là. L'histoire n'appelle pas beaucoup de commentaires, ça fonctionne sur l'inusable duo mal assorti (Shirley McLaine en nonne portée sur la bouteille, Clint en... Clint). La musique de Morriconne est top. Les meilleurs moments sont ceux où ce drôle de couple se découvre, se jauge, s'apprivoise, au gré de multiples péripéties. La fussillade de la fin est règlementaire, c'est dur de faire une scène de fusillade intéressante, il faut que ce soit chorégraphié, que ce soit une danse (Peckinpah, Woo...), sinon bof quoi. On apprend à la fin que Shirley est une prostituée (on s'en doutait tout du long), eh ben elle est mieux en nonne. (vu en 2020)

sierra torride

 

6 juin 2020

Le Silence des agneaux (The Silence of the Lambs) 1991 Jonathan Demme

A force de le revoir, je me détourne de la "performance" d'Anthony Hopkins (l'arbre qui cache la forêt) et m'attarde sur cette amérique abandonnée du bon dieu, crasse, déprimante, filmée dans des tons vert moisis brun dégeulis, sur Clarisse, dont la tristesse l'emporte sur la peur et le dégoût, sur Clarisse encore dans cette cave, banale antichambre de l'enfer, le rythme cardiaque au maximum, le souufle court, tenant son revolver d'une main qui tremble beaucoup trop, alors que la bête, protégée par l'obscurité, l'observe, fascinée. (vu en 2020)

 

silence des agneaux

17 juillet 2020

La Belle de Saïgon (Red dust) 1932 Victor Fleming

Très chouette petit film sans prétention. On y voit un Clark Gable beau mec et viril en diable, entrepreneur raciste, quand même, plutôt porté sur la chose, quand même, mais équipé d'un sens moral qui, disons, ajoute une dimension à son personnage. La jungle de studio est exotique et moite, l'histoire est pas compliquée... Mais tout ça ne serait rien sans la présence de Jean Harlow (Vantine, sympa), plus blonde que blonde, sensuelle evidememnt, et qui a toutes les bonnes répliques, en plus. Elle est le négatif de Mary Astor, qui joue le jeu de la respectabilité mais cède bien vite aux avances  du Clark. (vu en 2020)

belle de saigon

19 juillet 2020

Les Desperados (The Desperadoes) 1943 Charles Vidor

Un bon petit western que celui-là. C'est du classique, et on a notre dose de chevauchée, de romance et de gunfights. Concis, les gunfights, tant mieux, parce que des gars qui s'arrosent cinq minutes c'est vite ennuyeux si ce n'est pas mis en scène par un spécialiste de la chose. Cette copie est un peu délavée il me semble, mais on peut quand même voir qu'il y a une très belle photo. Il y a aussi une pelleté de bons acteurs, mais c'est surtout le scénario, très intéressant et bien charpenté, qui fait qu'on passe un très bon moment. C'est dans les vielles casseroles... (vu en 2020)

desperados

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20 juillet 2020

Master and commander (Master and commander: the far side of the world) 2003 Peter Weir

Tout le monde dit du bien de ce film, et avec raison, ma foi. Pour conter son histoire d'un homme obsédé par l'idée de venir à bout de son ennemi, qui lui a mis bien profond au début du film, Peter Weir fait preuve d'un beau classicisme, il s'efface devant son histoire, trouve le ton juste, l'équilibre entre l'humain, l'aventure et la véracité, et délaisse le folklore, pas de pavillon à tête de mort ni de jambe de bois. On ne doute pas que ça a dû être un sacré tournage, mais il ne cherche même pas à le montrer, il ne fait pas de plan d'hélico autour de son navire, à la Peter Jackson. J'irais jusqu'à dire que le gars est humble, dans sa façon de refuser le spectaculaire, le romantisme, et que ça lui réussi, il ne fait preuve d'aucune lourdeur, il n'a pas besoin d'insister sur quoi que ce soit. Mieux que James Cameroun, je te le dis ! (vu en 2020)

master and commander

29 février 2020

The Duke of Burgundy (2015) Peter Strickland

Plus de deux ans après l'avoir vu, je ne sais toujours pas si j'ai aimé. C'est assez beau, dans le sens précieux, et cette histoire d'amour lesbien teinté de sado-masochisme devrait me plaire. Mais j'avoue qu'à part son esthétisme, je n'y vois pas grand chose. À aucun moment je ne sais où va le film, il n'y a pas vraiment d'enjeux, sinon de savoir si ce couple survivra aux désirs masochistes de l'une des deux. Un film sur le mystère féminin, comme le laisserait penser une des séquences vers la fin ? Doit-on apprécier la forme et basta ? J'ai l'impression que Peter Strickland me murmure quelque chose, mais je ne saisi pas si ce sont des mots, ou juste des sons. Me voilà bien avancé... (vu en 2017-2018)

duke of burgundy

26 avril 2020

Les Proies (The Beguiled) 1971 Don Siegel

Clint se voit bousculé ici, en habile metteur en scène de sa propre image, chasseur et gibier, sujet et objet. Les films est très noir, tout le monde sera chasseur et chassé dans une redistribution des rôles entre mâle et femelles. Ce génycée n'est pas en reste en matière de pulsions en tout genre, même ce bout de chou d'à peine dix ans, qui mettra un terme à la vie de ce macho pris au piège de son propre jeu. Geraldine Page, fragile en apparence, furie au dedans, tient bien tête à notre Clint. Efficace, sulfureux, et très noir donc, puisque peuplé de personnages immoraux renvoyés dos à dos. (vu en 2020)

proies

18 juin 2020

Le Grand alibi Stage Fright 1950 Alfred Hitchcock

Il y a les grands films d'Hitch, et il y a ces petits où l'on trouve beaucoup à aimer : Marlène Dietrich (la classe, et des répliques qui tuent : "C'est très jolie, si on peut appeler jolie une robe de deuil. Y aurait-il moyen d'ouvrir le décolleté ?"), des beaux plans comme la porte d'entrée qui s'ouvre sur la robe ensanglanté, ou le regard angoissé de Jane Wyman qui pensent qu'elle va y passer, dont seuls les yeux émergent de l'ombre, le coup de la poupée, la vie comme représentation théatrale, et le théatre comme vie (un classique). Ce bon petit film rappelle sa période anglaise. (vu en 2020)

grand alibi

6 juin 2020

Les Bas-fonds (Donzoko) 1957 Akira Kurosawa

Il faut de l'abnégation pour arrive au bout de ce Kuro raté alors que l'on a les vitres à faire et les photos à trier. C'est l'adaptation d'une pièce de théatre russe et, à part la transposition au Japon, Kuro à du penser que la pièce se suffisait à elle-même, qu'il lui suffisait de la filmer telle quelle, je vois pas autre chose. Le film dure deux bonnes heures et pendant la première, ben on n'y voit guère plus qu'une bande de miséreux partageant une piaule sordide et s'envoyant des vacheries. Un prologue d'une heure en quelque sorte. Puis à la moitié, la logeuse laisse entendre à l'un d'eux, qui est aussi son amant, que s'il tuait son mari ça serait pas plus mal. Ah, enfin de l'enjeu, pense-t-on. Tu parles, il se passera pas grand chose jusqu'à la fin, qui verra le mari y avoir droit, dans une scène assez confuse. Puis un long épilogue, qui ressemble beaucoup au prologue. Ouf ! Il y a sans doute quelque chose qui m'échappe (la pièce raconterais la lutte révolutionnaire de ces crève-la-faim contre leurs propriétaires, bon...), n'empêche, c'est sans rythme, on cherche en vain le style du maître que l'on connait, mais il semble ici sans imagination. Même Toshiro Mifune est à l'étroit et a de la peine à imposer son personnage. Pénible. (vu en 2020)

bas-fonds

9 juillet 2020

Ne croyez surtout pas que je hurle 2019 Frank Beauvais

C'est un rêve de spectateur : faire quelque chose, un film, à partir d'extraits des films qu'on enquille jours après jours. Devenir spectateur actif en quelque sorte. Pari tenu ici, grâce à deux bonnes idées : d'abord choisir des extraits inidentifiables, excluant visages d'acteurs ou scènes connus, et en greffant là-dessus un texte intime, à savoir le récit de la dépression du réalisateur. Ça pourrait être un autre texte, d'autres extraits, que ça n'aurait pas été vraiment différent, n'empêche que ça marche : ces images, vidées de leur identité, acquérant une seconde vie, en echo à ces mots de Beauvais, créent une drôle de poésie. Le texte est parfois agaçant, rejoignant ce qu'il dénonce, mais sincère.

ne croyez surtout pas

9 juillet 2020

Godspeed (Yi lu shun feng) 2016 Mong-Hong Chung

Godspeed reprend les motifs du films de gangster et celui de l'homme ordinaire pris dans une affaire qui le dépasse et à laquelle il ne comprend rien. Pour essayer de le définir, je pourrais le comparer à certains films asiatiques du même genre, comme certains gangsters coréens, qui surenchérissent souvent un peu trop, ou au Lac aux Oies Sauvages, qui met en avant une forme radicale : Godspeed, c'est plutôt le bon dosage, comme un plat assaisoné avec une certaine délicatesse. Et c'est chouette de revoir Michael Hui, on se dit qu'il est quand même sacrément bon et on a envie de revoir ses comédies. (vu en 2020)

Godspeed

9 juillet 2020

Dementia 1955 John Parker

Apparemment le seul film de son auteur, et quel dommage ! J'ai vraiment adoré cette chose onirique, pas compliquée mais obscure, pas réaliste mais pas ouvertement bizarre comme... tu sais qui, ce récit qui n'obéit qu'à la logique du rêve, cette atmosphère d'irrésistible danger, cette héroïne si éloignée des types de femmes que l'on voit habituellement au cinoche (Adrienne Barrett, la secrétaire du réal !), l'absence de dialogues et cette superbe musique (George Antheil). Le gars est très doué, son film parait être un long rêve sorti d'un film de Buñuel. Ses images sont immédiatement parlantes, chaque plan expriment une idée. Surpris et conquis par ce film de plus d'un demi siècle, qui aurait pu être casse gueule mais qui est passionnant, mû par l'intuition, réalisé avec brio, qu'on sent sans compromis. (vu en 2020)

Dementia

15 juillet 2020

A Taxing woman (Marusa no onna) 1987 Juzo Itami

Pendant la première moitié, j'étais conquis. Voilà un chouette petit film japonais qui fleure bon les 80s, assez marrant, et surtout avec une héroïne fonceuse, incorruptible, petite, brune aux cheveux courts, irrésistible, alors evidemment... C'est sympa comme tout, mais c'est dommage que la deuxième partie fasse un peu du sur place, se répète, n'a pas un déroulement qui maintienne l'intérêt. (vu en 2020)

taxing woman

21 juillet 2020

Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West) 1968 Sergio Leone

Que puis-je dire, moi, de cet incontournable, que je regarde depuis tout petit ? Je continue à lui préférer Le Bon, la brute... mais quand même, ça fait bien plaisir de le revoir. Évidemment il y a toutes ces scènes devenues mythiques, et cette musique incroyable. J'ai été très ému quand Claudia Cardinale débarque du train, cherchant en vain son irlandais, entre dans la gare, alors que la caméra passe sur le toit et révèle la ville, il y a cette musique et ce mouvement de caméra qui fonctionne à merveille. Mais je suis d'accord avec ma fille, Leone a peut-être la main un peu lourde avec la musique par moment. C'est la première fois que Leone introduit un personnage féminin important, et la Cardinale est sublime. On voit que c'est Cheyenne qui intéresse le plus Leone, c'est d'ailleurs le seul avec Jill qui évoque leur passé. A part ça ? En se remémorant le film, on se souvient de paysages et de visages. Il y a beaucoup de gros plan sur ces derniers, Leone se plaît à scruter chaque ride, chaque poil, et ces visages envahissant l'écran deviennent paysages à leur tour. Il y a aussi ce fameux étirement du temps, Leone ralentit le temps, faisant durer ses scènes, et le temps du film semble couler plus lentement que le nôtre, alors que la plupart des films l'accélère, le comprime. Il y a enfin ce présent contaminé par une nostalgie faite de passé révolu, de fin d'un monde, tandis que le nouveau est sur les rails. (vu en 2020)

 

il etait une fois dans l'ouest

21 juillet 2020

The Blade (Dao) 1995 Tsui Hark

J'ai adoré ce film dès qu'on a commencé à en parler dans la presse spécialisée de l'époque, avant même de le voir, c'était une promesse trop belle pour être vrai. Mais une promesse tenue. Alors c'est sûr que c'est furieux, ça va vite (en même temps c'est Tsui Hark, pas Antonionni...), on a peur d'être distrait un instant et de louper quelque chose, car chaque plan, chaque seconde, propose une idée de mise en scène passionnante. Ça m'a d'ailleurs rappelé Fury road, mais The Blade n'a pas de temps morts ou de scènes un peu ridicules, c'est la folie du début à la fin. J'ai aussi pensé à Leone, pour ces personnages brutaux, sales et impurs. The Blade construit une nouvelle forme, Tsui Hark semblant penser que la meilleure méthode pour s'affranchir des formes cinématographique du passé est de tout défoncer à coup de sabre. Il reprend donc un film fondateur, The One-Armed Swordsman, en varie, un peu, les thèmes, mais surtout le mâche et le recrache comme du chewing gum. Plus de civilisation ici, fini la chine classique, c'est le chaos, c'est une chine métissée avec l'orient et l'occident, barbare, irreconnaissable et étonnante, en violente rupture avec ses représentations traditionnelles. Plus de camaraderie, chacun sert son intérêt personnel, le sabre est brisé depuis longtemps, il ne reste que le quart des pages du manuel d'art martial, dévoré par le feu. La mise en scène tente des choses folles, les acteurs ne jouent plus pour la caméra, c'est le cameraman qui se débrouille pour suivre. C'est expérimental, radical, dans son filmage, sa photographie, son récit, et ses combats, bien sûr. Le plus étonnant c'est que ce chaos est tout à fait maîtrisé, ce n'est pas un film punk qui envoie tout promener, il y a tout le talent de son auteur derrière, et le résultat laisse la bouche grande ouverte. Après ça, les autres films d'action semblent à la traîne. (vu en 2020)

blade

17 juillet 2020

Bellamy 2009 Claude Chabrol

"Il y a toujours une autre histoire, il y a plus que ce que l'oeil peut saisir". Cette citation, apparaissant à la toute fin du film, sert très bien de grille de lecture à ce Bellamy, on pourrait d'ailleurs l'appliquer à n'importe quel autre film, maintenant que j'y pense. Il faut sans doute aller chercher dans les profondeurs de son scénario pour trouver de l'éclat à Bellamy. Chabrol, encore, coupe court à tout suspens, ce mec est-il sincère ou a-t'il mené tout le monde en bateau ? Peut importe, personne n'est clair là-dedans. Chabrol emballe ça tranquillement on va dire, c'est un film de vieux maître, une sombre farce. (vu en 2020)

Bellamy

7 juillet 2020

Heat 1995 Michael Mann

Après avoir vu Révélations et Heat, il me semble clair que Michael Mann est un styliste. Heat est un archétype de polar (gangsters très pros, flic pas moins, les pourris ont des sales gueules, les femmes sont divinement belles, l'histoire est cousue de fil blanc) et Man renouvelle ces poncifs par le style. Parmi les faiblesses, citons la romance de De Niro qu'on achèterais pas un balle, celle de Pacino, guère plus chère, le face à face tant attendu, assez décevant par ces dialogues peu inspirés (le vrai face à face a lieu pendant le casse avorté, chacun derrière ses intuitions et ses écrans vidéos). On comprend bien qu'ils devaient se rencontrer et qu'ils n'allaient pas se raconter leurs vacances, mais c'est quand même une scène qui devait donner et qui est foirée, je veux dire ; ce n'est pas celle que tu cites, tu ne vas pas enregistrer les dialogues pour les mettre dans une compile non ? A part ça, c'est minutieux, documenté, et le style est là : Los Angeles new look, plans au télé très coulé, musiquee planante, soleil froid (LA est souvent filmé dans une dominante chaude). La grosse scène vient au deux tiers, bien, très réussie elle, lisible, elle claque. Je me plaints pas mal mais je regarde ça assez content, c'est quand même pas dégueulasse. (vu en 2020)

heat

24 juillet 2020

La Femme des sables (Suna no onna) 1964 Hiroshi Teshigahara

Niki étouffe dans cette société où tout est ramené à la bureaucratie, alors il collectionne les insectes, c'est son échappatoire, c'est comme ça qu'il est lui-même. du moins le croit-il (certains autres regardent des films). Il part dans un désert de sable à la recherche d'une nouvelle espèce. Retenu captif dans une maison au fond d'un trou, où le sable s'écoule continuellement et d'où il faut l'évacuer chaque soir en en remplissant des seaux, il ne tarde pas à ressembler aux insectes qu'il chasse, il se rebelle, lutte contre ce sable symbolisant l'absurdité de l'existence. Mais peut-être se trompe-t-il, peut-être est-il plein d'illusions. Cette femme qui vit dans la maison, travaillant sans remettre en question son mode de vie, n'est-elle pas plus heureuse, en tout cas moins malheureuse ? Les courbes que le sable dessine se mêlent aux courbes de son corps, son corps nu recouvert d'une pellicule de sable, quand elle dort l'après-midi, compose une vision harmonieuse et sensuelle. Faut-il lutter ? Faut-il se rendre ? La vie est-elle absurde ? N'est-ce pas nous qui le sommes ? Voilà voilà. A part ça, c'est un très beau film, on sent que le gars à un sens visuel pointu, on y prend un plaisir d'esthète certain, surtout que c'est relevé par un très beau score de Toru Takemitsu. (vu en 2020)

femme des sables

14 avril 2020

Grave 2016 Julia Ducournau

Ma foi, j'ai pas grand chose à dire sinon que ouais, c'était bien ; la cannibalisme comme métaphore de la sexualité, la découverte de cette faim incontrôlable par une jeune fille pas trop en fleur. Il fallait un environnement et cette école de vétérinaire (je voyais pas ça comme ça moi) amène son lot de scènes chocs, elle représente sans doute ce territoire bouillonant où ont seulement accès les ados. Julia Ducournau filme les corps, et semble avoir du tempérament. Evidemment, l'épilogue semble en trop. (vu en 2017-2018)

grave

22 juillet 2020

Starship troopers 1997 Paul Verhoeven

C'est bon de revoir ce film, avec ces jeunes hommes un peu cons et ces jeunes femmes trop belles, on dirait le casting d'une série pour ado, c'est photographié comme un sitcom, tout propre tout net, avec les yeux qui brillent et les dents étincelantes. C'est tout le talent de Verhoeven, de fabriquer un film de SF lambda, et de tout dynamiter de l'intérieur, faisant de ses héros de la chair à canon, pardon, à insectes, se foutant de la gueule de tout le monde, osant des plans limites (le cerveau et chef des insectes a, en guise de visage, un truc très vaginal, que les terriens "viole" avec un truc métallique et pointu), habillant ses militaires d'uniforme évoquant le nazisme, rien que ça. On regarde ça éberlué, n'en croyant pas nos yeux, ayant du mal à imaginer que ce film spectaculairement subversif et antifasciste ait pu sortir d'un studio hollywoodien dans les années 90. (vu en 2020)

starship troopers

7 juillet 2020

Ghost world 2001 Terry Zwigoff

Adaptation exemplaire (la meilleure ?) d'un comics, Ghost World ne cache pas ses origines, gardant quelque chose des cases de Daniel Clowes (en y ajoutant la couleur, très réussies) ; la démarche et la gestuelle d'Enid et Rebecca, leurs traits, leur silhouette, mais aussi beaucoup de références à Robert Crumb, dont Zwigoff a consacrer un documentaire génial, Robert Crumb donc, dont on retrouve les manies voir même une ressemblance physique chez Seymour. C'est d'ailleurs Sophie Crumb qui signe les dessins du carnet de croquis d'Enid. Et sinon ? Bel équilibre entre humour, sensibilité et désespoir. La fin peut-être vu comme la rupture avec le monde de l'enfance, bien sûr, mais aussi, comme je l'avais lu à l'époque, comme le suicide d'Enid, bien vu. Un film chouchou. (vu en 2020)

 

ghost world

7 juillet 2020

Barberousse (Akahige) 1965 Akira Kurosawa

AK a la patate et j'avais bien tort de me méfier de celui-là, mais il est vrai que ses adaptations d'auteurs russes ne m'avaient guère emballées jusqu'alors. Toujours en écran large, il tire le maximum de ses décors finalement assez dépouillés (une tendance qui s'affirme de films en films) et compose des plans à la géométrie imparable. Pas près d'oublier la scène de la mante religieuse, à l'atmosphère surnaturelle, où l'on est aussi hypnotisé que sa proie, ou ce plan magnifique où des couvertures mises à sécher compose un labyrinthe, permettant à des témoins (et nous) de voir cette fillette retrouver son humanité dans une scène pudique et bouleversante. Cette même fillette est inoubliable quand elle envoie valdinguer le bol du bon médecin. La star, évidemment, c'est boss Mifune, en médecin mal dégrossi. Un roc ! Suffit qu'il ouvre la bouche et plus personne n'a rien à dire ! C'est leur dernier film ensemble et on peut dire que Toshiro y a incarné parmi les plus inoubliable des personnages. (vu en 2020)

barberousee bw

30 janvier 2020

Burning (Beoning) 2018 Lee Chang-dong

“Ne fais pas comme si la mandarine existait, oublie qu’elle n’existe pas” dit la petite Hae-mi à Jong-su (de tête), et c’est sans doute la clef du film, qui parle de cinéma et de fiction (je crois). On est amené à douter de tout ce que l’on voit : le chat existe-t-il ? le chat est-t-il Hae-mi ? Ben est-il un tueur ? Jong-su le tue-t-il ? Y-a-t-il vraiment un mystère, tout ne se passe-t-il pas dans l’imagination de Jong-su ou dans le livre qu’il veut écrire ? Est-ce-que j’ai fermé ma voiture à clef ? Tout ceci n’est jamais explicite, tout semble arriver, mais après coup on peut douter de tout ce que l’on a vu, et ce doute est amené avec une grande subtilité. On note aussi quelques commentaires sur la Corée d’aujourd’hui, le fossé entre riches et pauvres, nord et sud, ville et campagne… Et oui, la scène de danse d’Hae-mi sur la trompette de Miles Davis ne s'oublie pas. On est invité à se perdre, sans résistance. Haunting. (vu en 2019)

burning

5 février 2020

Berberian Sound Studio 2012 Peter Strickland

Pas si évident les films de Strickland, tant celui-ci semble prendre plaisir à raconter des bribes d'histoires, à nous laisser perdus, frustrés. Celui-là passe plutôt bien, vu que Gilderoy est lui-même perdus, dans ce pays, cette culture, ce studio, ce genre, qui ne sont pas les siens. Il y a une dimension érotique dans ces belles femmes doublant des sorcières supliciées, parmis ces fruits mûrs qu'on tranche ou qu'on écrase d'un coup sec pour en extraire un son organique. C'est très beau, très soigné, parfois assez marrant, on est incontestablement dans un film hommage, nostalgique d'un cinéma qui ne se fait plus, qui refuse notre époque. On pense évidement à Amer, en moins évident, moins fulgurant. C'est une boite à demi entrouverte sur des secrets qu'il ne faudrait pas trop exhiber, faute de quoi ils perdraient de leur beauté. Dans ce studio, on peut hurler, mais dehors personne ne soupçonne rien. La BO est assez extraordinaire, au moins aussi bien que le film, peut-être mieux, tout y est, débarrassé de l'obligation de raconter. (vu en 2017-2018)

berberian

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