Alice et le maire 2019 Nicolas Pariser
La Maison du diable (The House of the devil) 2009 Ti West
Voilà un film d'horreur millésimé 2009 qui s'efforce, non de se faire passer, mais de reprendre sans s'en cacher, les signes des années 80 ; une histoire et un déroulement très premier degré (pas d'humour ni d'ironie, pas de discours sur le genre), une photo un peu tristounette, identifiée comme étant d'une autre époque, et jusqu'à son titre et son générique fait de lettres jaunes. Ti West ne nous tend aucun piège, ne nous réserve aucune surprise. Ce n'est pas un film qui se passe dans les années 80, c'est un film fait à la manière des années 80. S'il avait ancré son film dans notre siècle, ça n'aurait été q'un film d'horreur anonyme de plus. Tel quel, il se présente comme un hommage nostalgique, et nous dit, assez paradoxalement, qu'on ne fait plus de film comme ça aujourd'hui. L'exercice, sincère et jamais arty, ne va pas très loin mais a du sens à l'heure où les remakes se fabriquent à la chaîne. (vu en 2017-2018)
Swimming pool 2003 François Ozon
On voit bien l'intention, faire un film sulfureux et trouble avec un chouette duo de femmes, partir d'une situation concrète, la faire basculer petit à petit dans l'onirisme pour finir sur une mise en abîme de ses actrices et de la création. Le bon, c'est Charlotte Rampling (toujours la classe) et Ludivine Sagnier, dont Ozon film bien la sensualité. Ça rappelle l'atmosphère trouble de La Piscine. Mais Ozon semble se prendre les pieds avec les différentes lectures de son film, comme s'il était finalement impuissant à livrer une simple histoire et qu'il lui faille "retourner" son intrigue pour lui donner de la consistance. C'est peut-être là un des problèmes avec Ozon, ses constructions se voient trop. A l'inverse, je trouve le début plutôt bon, puis de moins en moins convaincant à mesure que le scénario révèle ses astuces. Jusqu'au twist final, qu'on voit arriver de loin, par lequel le film achève de se dégonfler. Alors pas désagréable, mais pas convaincu non plus. (vu en 2017-2018)
Shame 2011 Steve McQueen
Tomboy 2011 Céline Sciamma
C'est le premier film de Céline Sciamma que je vois. Marrant, il passait à la TV alors que j'étais dans un magasin, sans son, et je me disais que ces images avait vraimment quelque chose, je pensais que c'était un genre de téléfilm d'auteur (sorry), mais c'est vrai que ses cadres passent bien à la télévision. Alors le style Sciamma est bien là ; cette façon d'amener ses personnages dans le cadre, d'en exclure le maximum de distraction (décors minimalistes, peu d'adultes, pas d'information de lieu, d'époque...), de parvenir à une lisibilité immédiate. Ses préoccupations sont bien là (la question du genre donc), sous la forme d'une histoire à suspens adoptant le point de vue des enfants, comme Spielberg pour ET. (vu en 2017-2018)
Twin Peaks 1992 David Lynch
Il y a tellement à dire sur Twin Peaks, sur le film, sur le mythe/univers qu'à creé David Lynch, et du coup je ne sais trop quoi dire moi-même. Après avoir revu cet opus, je me contente de relever que c'est très touchant de retrouver ce petit monde, mais que ça ne rigole plus, c'est cruel et méchant. Le film semble imparfait, comme si pour Lynch il s'agissait de laisser sortir tout ce qui restait en lui, après avoir abandonné son bébé. Le plus inconfortable, lyrique et déséspéré de ses films. Avant la saison 3. (vu en 2017-2018)
Under the skin 2013 Jonathan Glazer
Un film important pour moi, un de ces films qui fait qu'on continu à en regarder et qu'on sait que, de temps à autre, rarement certes, on va tomber sur une pépite comme celle là. C'est ce genre d'oeuvres qui te donne le sentiment de voir quelque chose pour la première fois (qui lave le regard), quelque chose de neuf. Alors j'ai terriblement aimé cette caméra clandestine, ces scènes de séduction jamais vues, ces autres scènes dans cet étrange lieu où Scarlett attire ses proies, ce que Jonathan Glazer filme de ce corps, déguisant d'abord sa star pour la rendre anonyme, lui ôtant tout glamour, avant de la montrer nue comme un vers, ce récit (pas clef en main, mais désarçonnant par sa simplicité) qui préfère le mystère aux explications, la stupéfiante beauté de ses plans, la mise en scène singulière. Et puis ces paysages débarrassés du beau et du laid, le désir, la naissance toute simple de l'émotion, ce monde de monstres (le nôtre donc). On pense à tous ces classiques racontant le séjour sur terre d'un extra-terrestre, auxquels il vient s'ajouter, les surplombant d'une bonne tête. La fin évoque une horreur familière (celle des camps ? Jonathan Glazer prépare un film la-dessus) Ce film séduit, piège, comme Scarlett ses proies, puis désarçonne et laisse nu. Me semble évident que c'est un des plus grands films de la décennie. (vu en 2017-2018)
The Walk: Rêver plus haut (The Walk) 2015 Robert Zemeckis
C'est l'histoire d'un mec qui se la pête, qui veut marcher sur un câble tendu entre les deux tours (ouais, celles-là), parce que tu vois, il laisse libre cours à ses rêves, lui. Ouais, j'ai trouvé dommage qu'il se pête pas la gueule moi. Ça doit être l'acteur, immonde et suffisant, ou ce Paris de carte postale à gerber. Et faut dire que ce qui précède l'exploit (j'avoue faut le faire) qui n'arrive qu'a la fin, n'a mais alors strictement aucun intérêt. Beurk. (vu en 2017-2018)
Hero (Ying Xiong) 2002 Yimou Zhang
Cette machination incroyable pour se rapprocher assez près du roi et lui porter un coup fatal, ces différentes strates du récit changeant le sens des chapitres précédents, cette esthétique clinquante ; dit comme ça, on pourrait croire à un film du Chu Yuan de la glorieuse époque Chaw Brothers. Chez ce dernier, il fallait toujours courir après le récit pour ne pas se faire distancer, et puis c'était assez fun, sans vouloir être réducteur. Chez Zhang, c'est sûr que ça va pas trop vite, on a bien le temps de tout capter. On dirait qu'il plie le genre du wu xia pian pour l'amener au public occidental (c'était le mouvement inverse qui s'opérait jusqu'alors). Le film mise tout sur un visuel convocant moults jolis costumes, codes couleurs, fréquents ralentis, combats en apesanteur sur musique zen new age, et de fait certaines scènes fonctionnent et sont vraiment pas mal, d'autres moins. Le problème selon moi est que cette esthétique très m'a tu vu (disont que Zhang n'a pas peur d'en faire trop), ce jeu désincarné, ces combats plus mentaux que physiques, le manque de distance qu'aurait apporté une touche d'humour, donne un film un peu déminéralisé, statique, un comble pour le cinéma d'art martiaux, où le mouvement est tout. Et Zhang Ziyi joue comme une casserole (faite la taire !). Mais on ne peux pas enlever à Zhang Yimou le goût de l'expérimentation, et son film s'inscrit dans une longue tradition du film de sabre, qu'il prolonge et renouvelle. (vu en 2018-2018)
Grave 2016 Julia Ducournau
Ma foi, j'ai pas grand chose à dire sinon que ouais, c'était bien ; la cannibalisme comme métaphore de la sexualité, la découverte de cette faim incontrôlable par une jeune fille pas trop en fleur. Il fallait un environnement et cette école de vétérinaire (je voyais pas ça comme ça moi) amène son lot de scènes chocs, elle représente sans doute ce territoire bouillonant où ont seulement accès les ados. Julia Ducournau filme les corps, et semble avoir du tempérament. Evidemment, l'épilogue semble en trop. (vu en 2017-2018)
Susana la perverse (Susana) 1951 Luis Buñuel
Comme plus d'une fois dans sa période mexicaine, Luis éxécute sa commande efficacement, y glisse quelques images bien à lui, comme l'ombre des barreaux de la cellule qui dessine une croix, sur laquelle passe une araignée bien velue, (les premières minutes ressemblent d'ailleurs à une vielle série B d'épouvante), ou ce gros plan sur une libellule. Son film conserve toute sa vigueur d'alors, encore aujourd'hui, et on croit l'entendre rigoler en douce derrière les images. Il faut voir la Susana (Rosita Quintana) après son évasion, comme une bête sortant de sa fange, débarquant dans cette brave famille bourgeoise, tout le monde matant ses jambes couvertes de boue, en se retenant de dire quoi que soit. Il faut voir le père (Fernando Soler, très bon as usual) astiquant le canon de son fusil en reluquant la belle, ou la mère lui donner des coups de fouet pour chasser la diablesse de son foyer. C'est Théorème avant l'heure, toute proportion gardée. Même si la morale est sauve à la fin, personne n'est dupe. Peut-être une oeuvre mineure, mais attention, Susana à de la ressource. (vu en 2019)
Ghost in the shell 2017 Rupert Sanders
Evidemment, il manque le vertige de l'anime, qui lui s'appropriat le manga original (jamais eu envie de le lire), ramenée ici à une histoire complètement conne, (la méchante multinationale qui abuse trop quand même), là où Mamoru Oshii nous racontait la naissance et l'émancipation d'une nouvelle forme de conscience, pas moins (enfin je crois). La science fiction, qui était sujet de l'originale, est ici objet (c'est à dire ramenée aux gadgets). Quelques scènes ont beau être décalquées sur l'original, la musique aussi, rien n'y fait. Le plus troublant, c'est qu'en faisant de Scarlett Johansson un cyborg, il lui retire tout ce que son corps exprime habituellement, elle n'est plus la femme Scarlett Johansson, elle est juste le major, véhicule désincarné qui ne dit rien (du major Motoko Kusanagi, qui avait un nom en passant, émanait une conscience alerte et inquiète, une séduction froide). Il ne nous manque pas seulement la séduction dont ce corps est démuni, il nous manque le point de vue du Major sur ce monde (la déambulation dans la ville, la scène essentielle de l'anime). Bref, une grande entreprise de déminéralisation. J'ai dis aussi que c'était moche ? (vu en 2017-2018)
Aux portes de l'au-delà (From beyond) 1986 Stuart Gordon
Une adaptation outancière d'une nouvelle de Lovecraft. Outrancière car ce que Lovecraft peut avoir de classique et de suggestif fait place ici à une esthétique grand-guignolesque et grotesque (dans leur sens noble). "Horror and sex go hand in hand" nous confie Stuart Gordon, il dévoile tout au grand jour et ne laisse rien dans l'ombre. C'est l'example type de ces films d'horreur des années 80 qui compensait leur petit budget par des idées qui fonctionnent (les FX, organiques, toujours convaincants aujourd'hui, mais aussi des trucs tout bête comme cette lumière rose et bleue dès que le Dr Pretorius est dans le coin, ou le vent dans les cheveux de Barbara Crampton quand elle est exposée à cette dimension parralèle). Stuart Gordon (RIP) n'était peut-être pas un grand metteur en scène, mais son idée de l'horreur , sa volonté de montrer, quand il était entouré d'une bonne équipe, faisait mouche. Quel dommage que la même équipe n'ai pas enchaîné Dagon dans la foulée. (vu en 2017-2018)
Sils Maria (Clouds of Sils Maria) 2014 Olivier Assayas
Sils Maria montre une situation plutôt qu'il raconte une histoire, dispositif qui rappelle Irma Vep. On y voit l'opposition entre une actrice d'un certain âge et la nouvelle venue (celles du film et celles du film dans le film), entre deux générations, entre cinéma d'auteur et de genre, entre les salons d'hôtels de luxe ou se décident les contrats et les paysages immuables des Grisons. Quelques ruptures Assayassiennes (pas tops) histoire de placer quelques morceaux de musique pop einh. Pas trop de vagues finalement, ce cinéma qui parle de lui-même laisse la place à ses actrices et en fait un beau portrait. (vu en 2019)
L'Étrange couleur des larmes de ton corps 2013 Hélène Cattet & Bruno Forzani
C'est un film plutôt radical dans son entreprise de déconstruction, qui trouverait autant sa place dans une galerie d'art que dans une salle de cinéma. La sincérité des réalisateurs ne peut être mise en doute, et on a envie d'aimer ce film, qui est ma foi très beau, et qui laisse exténué et quelque peu frustré, tant le récit se dérobe et nous laisse à la merci de ces images parfois superbes, aggressives, souvent des gros plans qui nous refuse une vue d'ensemble, sans nous laissez reprendre notre souffle. Beau donc (les partie en noir et blanc semblent de trop quand même), suscite l'appétit, mais ne rassasie pas (ou trop ?). (Vu en 2017-2018)
La Favorite (The Favourite) 2018 Yorgos Lanthimos
The Favourite ne raconte pas grand chose de nouveau (la noblesse décadente, l'ambition contre la morale, bref), et le fait dans un style rentre-dedans : travellings au super grand-angle incessants, suivants ce trio d'actrices (très bonnes) habillées dans de superbes costumes (vraiment), évoluant dans des décors très chargés saturant le cadre. Deux choses me semblent certaines ici : ces deux ambitieuses n'hésitent pas à se salir les mains pour arriver à leurs fins, et c'est quand même plus drôle qu'une adaptation de Jane Austen. Si on aime pas, on peut toujours dire que c'est du style sans substance, j'ai trouvé ça amusant moi. (vu en 2019)
Alien: Covenant 2017 Ridley Scott
D'un coté, l'imagerie SF est vraiment top, je veux dire, on a fait du chemin depuis La Planète Interdite, n'est-ce pas ? Mais ce film est bizarre : c'est un espèce de remake du premier Alien, juste en moins bon (l'original : tout tombe bien ensemble, celui-ci : rien justement). D'une part très sérieux, mais avec un scénario qui laisse songeur; y'a du monde là-dedans, mais on ne sait jamais vraiment combien, ni qui est qui, qui fait quoi. Pire, même eux ont l'air de ne pas être ensemble, de ne pas se rendre compte de ce qu'il se passe dans la pièce d'a côté, ce qui donne lieu à des moments assez gênants (dans le prems, on sait à peu près qui fait quoi, qui est où à chaque instant). Même leur comportement, tu comprends pas : si tu vois un gus trembler de toutes ses tripes, qui commence à saigner de partout, alors que tout le monde crient dans tous les coins, tu vas aller le prendre dans tes bras ou tu vas te casser vite fait ? Bref, joli, sérieux et un peu con à la fois, y'a quelque chose en trop dans l'equation. (vu en 2017-2018)